Equus s’ouvre sur un drame : un jeune garçon de 17 ans a crevé les yeux de six chevaux. Mais à la différence d’une tragédie classique où le drame est à venir, la pièce commence alors que l’instant tragique a déjà eu lieu. Elle plonge le spectateur dans un thriller psychanalytique palpitant. Et, comme dans une tragédie, rien ne se fait sous les yeux du spectateur. Tout n’est que récit, entre Dysart, le psychiatre en charge de l’adolescent criminel, et la juge pour enfants, Esther. Elucider le drame, tel sera tout l’enjeu de la pièce. Le texte se veut alors récit rétrospectif mis en paroles par le docteur lui-même, et soumis à la confrontation avec le jeune garçon, Alan. L’imaginaire du médecin se heurte aux mensonges du jeune homme. L’un, en proie à son histoire, ses regrets, ses peurs, parle et écoute le second pris au piège de la recréation parfois mensongère de ses souvenirs. Et c’est le processus bien connu de la psychanalyse qui finira par éclairer ces deux identités victimes de leur inconscient et de leur histoire respective. Autour de ces deux personnages phares gravitent d’autres univers qui compléteront le tableau : le couple, la
famille, la religion, la mythologie et le monde équestre. Univers que nos jeunes élèves traversent à la lumière de leur expérience théâtrale.
Anne Roche