Karamazov
- de Fiodor Dostoïevski
- Mise en scène Jean Bellorini
Mise en scène Thomas Ostermeier
Avec Bénédicte Cerutti, Valérie Dréville, Cédric Eeckhout, Jean-Pierre Gos, François Loriquet, Sébastien Pouderoux de la Comédie-Française, Mélodie Richard, Matthieu Sampeur et Marine Dillard peintre
Traduction Olivier Cadiot Adaptation Thomas Ostermeier Musique Nils Ostendorf Scénographie Jan Pappelbaum Assistanat mise en scène Elisa Leroy, Christèle Ortu, Maxine Reys (stagiaire) Préparation physique Heike Krömer Construction du décor Atelier du Théâtre de Vidy Costumes Nina Wetzel Dramaturgie Peter Kleinert Lumière Marie-Christine Soma Création peinture Katharina Ziemke
Production DéléguéeThéâtre Vidy
Coproduction Odéon Théâtre de l’Europe Théâtre national de Strasbourg, Teatro Stabile di Torino, La Filature, Scène nationale à Mulhouse TAP – Théâtre Auditorium de Poitiers, Théâtre de Caen
Avec le soutien de Pro Helvetia – Fondation suisse pour la culture
Entretien de Thomas Ostermeier
Lorsque nous nous sommes rencontrés pour parler du Richard III, que vous allez aussi présenter à Clermont-Ferrand, vous m'aviez dit que votre désir de choisir ce texte venait de ce que vous aviez enfin le bon comédien, Lars Eidinger, pour jouer le rôle titre. Est-ce le cas pour La Mouette ?
T.O. : Je ne peux pas faire un projet de théâtre si je n'ai pas les comédiens que je juge capable de jouer la pièce que je choisis. Avec La Mouette c'est évident d'autant que je voulais depuis longtemps revenir à ce texte qui me touche particulièrement puisqu'il parle du théâtre, de l'art et de l'amour. Lorsque j'ai dîné avec les comédiens qui jouaient dans Les Revenants, le soir de la dernière représentation, en les regardant je les distribuais déjà, dans ma tête, dans certains rôles de La Mouette. Il y avait pour moi une évidence dans l'idée de poursuivre une aventure avec ces comédiens.
Avez-vous travaillé de la même façon sur les deux pièces ?
T.O. : Certainement non car il n'était pas question de refaire la même chose avec deux textes aux formes et aux enjeux si différents. De plus les conditions de répétitions n'étaient pas les mêmes que celles que j'ai à Berlin dans mon théâtre de la Schaubühne. N'oubliez pas qu'en Allemagne les acteurs de mon ensemble joue tous les soirs un spectacle différent, puisque nous sommes un théâtre de répertoire comme peut l'être la Comédie-Française. Donc nous répétons seulement jusqu'à 16 heures maximum. En France j'ai pu répéter huit semaines avec des acteurs et une équipe technique entièrement disponibles qui n'avaient pas dans la tête les personnages qu'ils avaient interprétés la veille ou qu'ils allaient interpréter le soir même. C'est une chance pour moi. Je sais que souvent les acteurs français jalousent le système allemand de la troupe et du répertoire qui a bien sur d'autres avantages. De la même façon j'ai pu faire deux semaines de travail en été pendant lesquelles nous n'avons pas travaillé le texte mais vraiment insisté sur les personnages en utilisant des méthodes nouvelles comme le storytelling, l'image de famille et l'exercice de répétition de Sanford Meister, proche de ce que faisait Stanislavski. Ces moments ressemblaient un peu à une colonie de vacances avec jeux organisés. Nous étions très loin du travail à la table, préparatoire au passage au plateau. On pouvait croire que nous avions oublié la pièce mais en fait dans ce workshop nous sommes allés assez profondément dans les enjeux de chaque personnage. Nous avons filmé ce travail, qui sera présenté sur la chaîne de télévision ARTE.
En quoi consiste ce que vous appelez le storytelling ?
T.O. : Il s'agit de travailler sur les propres histoires des acteurs, sur leur biographie. Je veux être au plus proche de la « vraie vie » des acteurs qui vont être sur scène. C'est à partir de ça que nous construisons le spectacle. Devant l'acteur il doit y avoir l'être humain qu'il est vraiment. Ils doivent se servir de leur propre expérience de la vie. Ils ne doivent pas projetez une idée qu'ils ont sur leur personnage ou sur la pièce. Je ne trouve pas ça intéressant du tout. Je n'ai pas envie, au moment où j'en suis de mon travail, de donner des avis, des opinions sur les œuvres d'art que sont les pièces que je mets en scène. Je cherche la véracité du jeux, la véracité des êtres humains qui sont sur scène avec leurs passions, leurs désirs, leurs angoisses. Par exemple, en ce qui concerne Valérie Dréville, le fait de jouer Arkadina, l'actrice dans le mitan de sa vie, l'obligeait à se questionner très personnellement sur elle-même. Les résultats de ces moments de retour sur soi, présentés ensuite aux autres acteurs, sont bouleversants. On pourrait écrire des dizaines de scénarii avec ces récits.
Est ce pour cela que vous laissez à certains acteurs des moments d'improvisation en toute liberté ?
T.O. : Oui. Ils parlent de ce qu'ils veulent, en improvisant différemment tous les soirs, parfois sur le même thème mais traité autrement. Ils parlent directement au public et reçoivent donc des réponses immédiates, ce qui bien sur peut leur faire peur. Au début c'était très difficile pour eux mais maintenant ils sont vraiment heureux de ces moments bien à eux qu'ils doivent maîtriser. En fait nous ne faisons que reprendre ce qui existait dans la musique baroque qui permettait ces moments d'improvisation de la part des musiciens, et ce qui existait à l'époque de Shakespeare et certainement chez Molière. Il faut dire qu'il y avait à l'époque des acteurs possédant une aura extraordinaire que le public mettait sur un piédestal. Bien sur on ne peut pas faire ça avec Racine….
Entretien avec Jean-François Perrier pour la Scène Nationale de Clermont-Ferrand
avec Arnaud Maïsetti, Maître de Conférences en Esthétique et Pratique du Théâtre, Aix-Marseille Université
Au fil des répétitions de La Mouette, traversées de fulgurances, le film accompagne avec complicité l'expérience théâtrale de la troupe de huit comédiens dirigée par Thomas Ostermeier. Une immersion au coeur du processus de création du metteur en scène - privilège rare et précieux - qui met en miroir la réalité des acteurs et son rêve de théâtre, dévoilant les secrets de fabrication de la pièce au Théâtre de Vidy.
Durée 52 mn. Réalisateur Jérémie Cuvillier. En partenariat avec le Goethe Institut.
Film suivi d'une rencontre avec Thomas Ostermeier en présence de Macha Makeïeff.